L’Honorable N’Doula Thiam, membre de la section malienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), présent à Rabat, au Maroc, lors de la 27ème assemblée régionale de l’APF, lève le voile sur ce qui s’est passé avec la délégation ivoirienne.
Vous êtes membre de la section APF Mali et vous étiez présent à la session de Rabat. Que s’est-il passé avec la section ivoirienne ?
À Rabat, il y avait la délégation officielle ivoirienne, composée de 5 députés et conduite par le Président du Parlement ivoirien Amadou Soumahoro, qui a eu accès à la salle des travaux. Mais, parallèlement, il y avait aussi une petite délégation conduite par l’ancien Président du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, qui était venu parce qu’il était quand même le 1er Vice-président de notre parlement, l’APF, cette association qui aide nos pays dans le cadre des orientations. Mais, dans la mesure où Guillaume Soro n’est plus le Président du Parlement ivoirien, il ne pouvait pas avoir accès à la salle car la délégation officielle était présente. C’est avec ces députés que nous avons fait les travaux.
Selon le compte-rendu de la délégation officielle ivoirienne, Guillaume Soro aurait perturbé vos travaux. Est-ce que vous confirmez cette version ?
Les travaux étaient prévus pour le vendredi 14 juin à 15h. C’était la séance inaugurale. Avec la présence de Soro et tout ce qu’il y a eu, nous avons commencé 2 heures après et avons accusé un retard très important. Cela nous a tous étonnés et il y a eu un moment où l’on a appelé tous les chefs de délégations, puisqu’il y avait des Présidents mais aussi des délégations dont le Président du Parlement n’était pas sur place. C’était le cas de mon pays. Ils ont été appelés pour un huis clos où ils ont abordé le problème ivoirien, avec la présence de la délégation officielle et d’une autre de parlementaires conduite par Guillame Soro. Après cela, les travaux ont débuté et Monsieur Bassatigui, chargé de mission, a présenté son rapport, chose normale d’ailleurs, car déjà prévue. Soro et sa petite équipe n’ont pas eu accès à la salle. Nos travaux ont été quelque peu retardés mais il a été demandé à Guillaume Soro et à son équipe de se retirer. Seule la délégation officielle a participé aux travaux.
Avez-vous abordé au cours de cette séance les risques de la tenue de la prochaine session parlementaire à Abidjan en juillet prochain ?
L’APF est une association où nous avons trois cadres de rencontre. Nous avons d’abord une rencontre des différentes commissions qui se fait en été. Nous avons quatre commissions au niveau de l’APF. Elles se réunissent une fois par an dans un pays. Après cette rencontre, nous avons la régionale, celle que le Maroc organisait. Et, après cela, nous avons l’assemblée générale, qui se fait de façon alternée.
L’année dernière, nous étions au Canada. Cette année, nous devons normalement être à Abidjan, car cela se tient dans le pays qui va présider l’organisation. Pour la session d’Abidjan, qui aura lieu début juillet, rien n’a changé. Le secrétariat, qui gère tout ce qui est administration, doit envoyer une équipe restreinte pour aller voir le niveau d’organisation. Et si ce niveau est satisfaisant, la session du mois de juillet se tiendra à Abidjan.
Le Vice-président a vocation à devenir Président, comme le disent vos textes. Mais Guillaume Soro n’est plus Président du Parlement ivoirien et a un successeur. Ne pensez-vous pas qu’il y aura une crise au niveau de l’association ?
Ce que nous devons savoir, de la création de l’association jusqu’à aujourd’hui, c’est que c’est une association qui a toujours été pilotée par les Présidents de Parlement en exercice. Il n’y a jamais eu de dérogation à cette règle. À mon avis, cette procédure doit continuer. C’est le Président du Parlement du pays qui va présider l’assemblée cette année qui présidera l’APF. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de problèmes, parce que Soro n’est plus le Président du Parlement ivoirien. Il y a un certain nombre de contraintes par rapport à la présidence. D’abord vous devez donner vous-même le bon exemple, c'est-à-dire payer les cotisations comme cela se doit. Et cela est fait généralement par le Président en exercice. Si vous n’êtes pas ordonnateur des dépenses au niveau du Parlement, comment pouvez-vous les payer ? Et cela peut être l’une des questions principales. Nous avons donc compris que cela entre dans un cadre d’impossibilité. Mais, à vrai dire, il est difficile pour quelqu’un de présider cette association s’il n’est pas Président de Parlement. Je ne pense pas que nous allons arriver jusqu’à ce niveau. Et je pense que c’est à l’APF de décider.
Ouakaltio OUATTARA