Après un long moment de silence et d’observation, on prête à l’ex-Président Laurent Gbagbo, l’intention de sortir de son mutisme face à la crise qui frappe son parti depuis qu’il est en prison à La Haye.
S’achemine-t-on vers la paix entre les camarades ennemis du Front populaire ivoirien (FPI) ? Disloqué depuis la perte du pouvoir en avril 2011, ce parti, fondé en 1982 dans le maquis par Laurent Gbagbo, est depuis lors divisé entre différents cadres qui ne partagent plus la même vision de sa stratégie de reconquête du pouvoir. En octobre 2015, quand le président en exercice, Pascal Affi N’Guessan, décide d’engager le parti dans course à la présidentielle, il fait face à une opposition interne qui conduira le parti à la scission. Les regards tournés vers La Haye, où est incarcéré Laurent Gbagbo, resteront sans réponse.
Changement de cap Le 30 juillet, Pascal Affi N’Guessan annonçait le report du congrès du FPI, initialement prévu pour les 12 et 13 août prochains. Motif évoqué, « l’unité du parti » et la volonté d’accorder une oreille attentive à certaines initiatives « venant de personnalités fiables et crédibles.» Au nombre de ces dernières, Emmanuel Auguste Ackah, ancien ambassadeur ivoirien au Ghana, devenu l’un des visiteurs assidus de Laurent Gbagbo à La Haye. En bons termes avec les différents camps du FPI, il bénéficie d’une oreille attentive, tant de la part d’Aboudramane Sangaré, leader de l’aile dissidente que de Pascal Affi N’Guessan. Selon un cadre proche d’Affi N’Guessan, il aurait insisté auprès de la direction du FPI, « sur recommandation de Laurent Gbagbo », lui demandant de surseoir au congrès et invitant les deux camps à éviter des actions qui les fragiliseraient mutuellement. « Laurent Gbagbo a repris les choses en main. Il appartient à chacun d’adopter une tonalité modérée, afin de faciliter la tâche à tout ce qui est fait pour rapprocher les deux camps », indique notre source, qui regrette que ce changement de cap intervienne un peu tardivement. Mais dans les coulisses, du côté d’Affi N’Guessan, on ne verrait pas d’un bon œil ce revirement de situation, qui apparait comme un frein « aux ambitions » du président. Même s’il demeure le président légal, Affi est conscient qu’il est rejeté par une bonne partie de la base, qui pourrait lui faire mordre la poussière en cas d’élection ouverte lors du congrès. Surtout que selon certaines sources, il ne bénéficierait pas de la confiance du fondateur du FPI, qui lui préfèrerait Sangaré. Le président du FPI ne veut donc pas perdre de temps, et compte bien organiser le congrès avant la fin de l’année, quitte à contrarier Laurent Gbagbo, soutient un partisan de Sangaré, comme semble l’attester une déclaration d’Affi N’Guessan soutenant que « l’essentiel, c’est que nous puissions tenir ce congrès d’ici la fin de l’année 2017. »
Ouakaltio OUATTARA