Le brouillard semble de plus en plus épais au sein de la coalition au pouvoir. Et la visite ce lundi à Daoukro du vice-président, Daniel Kablan Duncan, accompagné d’une forte délégation du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) en rajoute à la confusion.
Mini-conseil des ministres à Daoukro ou prise de consignes ? Difficile de répondre avec exactitude à cette question liée à la visite du vice-président, Daniel Kablan Duncan, le 8 mai à Daoukro, fief de l’ancien président Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), accompagné des ministres issus des rangs de ce parti, à savoir Jean Claude Brou, Kobenan Adjoumani, Alain Donwahi, Siandou Fofana et Raymonde Goudou. Charles Koffi Diby, président du Conseil économique et social et membre du bureau politique du PDCI, était également de la délégation.
Démission ? Cette visite, la première du genre, aura suscité des interrogations tant chez les militants du PDCI que chez leurs alliés du Rassemblement des républicains (RDR), avec qui ils exercent le pouvoir depuis 2011 au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). À en croire un député du PDCI, depuis la fin de son séminaire à Bingerville en avril dernier et la tenue des pré-congrès du RDR à la fin du même mois, la tension est montée entre alliés, car « certains cadres des deux bords, d’abord en privé, et de plus en plus souvent en public, militent pour la démission des ministres PDCI. » Confirmant cette thèse, Mamadou Traoré, cadre du RDR, a indiqué à JDA que « le PDCI oublie très souvent que nous co-gérons le pouvoir depuis 2011 et ne s’intéresse qu’à une alternance en 2020. » Une position largement partagée par ses camarades qui, lors des pré-congrès, fulminaient contre « un allié qui a tout obtenu. » Le schéma de 2014, où le Président Alassane Ouattara avait dissout le gouvernement parce que les députés PDCI s’étaient opposés à un projet de loi va-t-il se répéter ? Possible, selon Mamadou Traoré. Et la rencontre au sommet entre les leaders des deux formations, annoncée cette semaine, pourrait en dire plus.
Rassurer Daniel Kablan Duncan s’est plutôt voulu rassurant à la sortie de cette audience qui aura duré une trentaine de minutes. « Le RHDP se porte bien, quelles que soient les déclarations qu’on peut entendre de gauche à droite », a-t-il dit, avant d’ajouter que les présidents Bédié et Ouattara allaient continuer à travailler ensemble « de manière à ce que ce soit bon pour les Ivoiriens et les partenaires au développement de la Côte d’Ivoire. » Il n’est pas sûr que ces mots suffisent à rassurer les militants.
Ouakaltio OUATTARA