Antoinette Koukougnon, Présidente du CCJD : « L’injustice sociale fragilise la cohésion »

Antoinette Koukougnon, la cinquantaine, Présidente du Conseil pour la cohésion, la justice et le développement (CCJD), dernier-né des partis politiques, rêve de sauver l’écologie en Côte d’Ivoire et espère titiller les partis traditionnels.

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous êtes partie de l’UDL ?

Je voudrais vous remercier avant toute chose pour l’opportunité que Le Journal d’Abidjan me donne de m’exprimer sur quelques questions relatives à l’actualité politique. Pourquoi pensez-vous que je suis partie de l’UDL ? En fait, la lutte pour le bien-être des peuples est multiforme et donc j’exécute par ailleurs une activité politique parallèle pour renforcer la diversité partisane comme le consacre notre Constitution, c’est pour cette raison essentielle que le Conseil pour la Cohésion, la Justice et le Développement (CCJD) a été créé.

A quoi répond la création d’un groupement politique dans un environnement où seuls les grands partis arrivent à s’imposer?

Nous ne sommes pas, au CCJD, à rechercher des performances politiques ou stratégiques avec des scores truqués. L’idéologie que notre Parti défend n’est pas compatible avec le libéralisme économique prôné en Côte d’Ivoire. Pour nos capitalistes, l'écologie apparait avant tout comme un argument de marketing politique. En effet, le libre-échange induit une hausse de la production, et celle-ci n’est possible que par une destruction des ressources. Les ressources disponibles dans notre pays n’existent qu’en quantité limitée, alors la croissance du pays ne peut émergée durablement. Dans ce contexte, il est inimaginable de confier les rênes de la transition bioénergétique à ces ‘’grands partis’’ dont le programme politique et économique s’inscrit résolument à la destruction du potentiel naturel. D’ailleurs, aussi ‘’Grands et riches’’ qu’ils soient, ils se sont succédés à la tête du Pays et n’ont jamais réussi à trouver solutions justes et applicables aux questions liées au foncier rural, à la cohésion sociale, à l’occupation illégale des forêts classées, à la redistribution justes des ressources du pays ou même encore à l’insécurité intérieure. Le CCJD ne se laissera pas distraire. Nous comptons sur la vigilance accrue des ivoiriens sur la question.

Voyez-vous, alors qu’il possède d’importantes prérogatives dans la mise en place des politiques environnementales, le gouvernement ivoirien choisit d’orienter les résultats de la matrice gouvernementale vers des activités de seconde zone. Le CCJD a de ce fait un rôle particulièrement important à jouer à l’échelle nationale et internationale pour accompagner nos populations vers un meilleur respect de l’environnement. Et le Parti compte également s’affirmer pour avoir un réel impact sur les décisions du Gouvernement qui n’a pas la même démarche politique que le CCJD.

 

Que pensez-vous apporter de plus aux Ivoiriens ?

Notre Parti apparait être le seul acteur politique proposant de résoudre de manière sincère et viable les crises économiques, sociales et environnementales, tout en reconsidérant le lien entre l’homme et la nature, et c’est fort de cette pensée que notre Parti, le CCJD, sera à même de proposer les solutions les plus pertinentes en faveur du bien-être social des ivoiriens. Notre promesse aux ivoiriens c’est de changer de cap vers une politique plus écologiste pour protéger et sauvegarder le patrimoine écologique du pays.

Malgré son poids politique quasiment faible, le CCJD va montrer qu’il a les moyens de donner de la voix. L’indépendance de notre parti est donc essentielle pour influencer ou freiner l’Exécutif ivoirien lorsque celui-ci ne s’engagera pas dans la voie du développement durable.

 

Votre groupement politique est dit « écologiste », pourquoi ce choix ?

Votre préoccupation relative à l’utilité du choix de l’idéologie écologiste de notre Parti ne saurait se poser dans notre pays qui vit dans une époque où les échanges sont mondialisés et où la tendance actuelle est à la transition vers une société écologiste. Si la nécessité pour nous de faire de l’écologie un projet politique en Côte d’Ivoire ne suscite pas l’adhésion de tous les ivoiriens, c’est que l’on a cette tendance à réduire l’ECOLOGIE au seul domaine de la salubrité. Or l’ECOLOGIE, par définition, se propose d’établir un meilleur équilibre dans les rapports des êtres humains avec leur milieu naturel. L’écologie ne peut donc pas être cantonnée au volet environnemental d’un programme de société mais plutôt être la matrice sur laquelle se greffent les interactions sociales, économiques et politiques. Cependant, cela semble davantage résulter d’une opération marketing plutôt que d’une réelle volonté de nos politiques de s’amarrer à la crise écologique. Comment des partis politiques ne prônant pas une réforme en profondeur du système actuel peuvent-ils prétendre résoudre des questions environnementales ou écologistes? Ils ne peuvent se dédire. Le CCJD voudrait favoriser la proximité entre les élus et les citoyens, c’est en cela que consiste le choix du vocable de Parti écologiste.

Les promesses de propagande que nous avons observées s’attelant aux problèmes environnementaux dans notre pays ne se sont pas traduites, jusqu’à présent, par des mesures concrètes et vérifiables. La création d’un Ministère de l’Environnement, au sein du Gouvernement ivoirien, n’a pas empêché l’échec quant à l’exécution de véritables programmes de lutte contre tous les fléaux liés à l’écologie, symbolisée par une réalité écologiste.

Face à l’ampleur du dérèglement climatique et de ses conséquences environnementales, nous devons travailler au changement de mentalité. Actuellement dans notre pays, seule l’approche que nous prônons est à même d’apporter des solutions efficaces et durables sur toutes les questions de la vie politique nationale. Il faut donc sortir de la logique productiviste des capitalistes et de ses effets néfastes sur l’environnement afin d’installer un développement durable. Le rôle de notre Parti est donc d’occuper le devant de la scène médiatique en continuant de sensibiliser les citoyens ivoiriens quant aux limites du système actuel. D’ailleurs, c’est en s’imposant comme un parti écologiste, nécessaire à la constitution d’une majorité forte, à gauche, que le CCJD peut faire primer ses préoccupations.

C’est pour cela que notre Parti, le CCJD, a créé le concept de la REVOLUTION ECOLOGISTE en Côte d’Ivoire pour interpeller toutes les sensibilités de notre société. Nous pensons qu’il faut obliger tous les ivoiriens à adopter de nouvelles attitudes drastiques qui prennent en compte la protection de notre héritage naturel. Nous devons le sauvegarder absolument. Et ce programme qui va démarrer très bientôt, passe par les rencontres avec toutes les communautés vivant dans ce pays. D’abord, avec les chefs des terres, ensuite avec toutes les autres couches socioculturelles.

 

Quelles stratégies comptez-vous mettre en place à court, moyen et long terme pour lutter contre l’occupation des forêts classées en Côte d’Ivoire ?

Un Général n’a jamais dévoilé ses stratégies militaires, ni le nombre de ses troupes.  C’est certain. Il y aura des points d’accord et de désaccord entre nous et les autres organisations politiques sur la gestion des thématiques environnementales, économiques, sécuritaires, diplomatiques, scolaires et pour être plus pragmatique, sur le cadre de vie des ivoiriens. Puisque la question m’est posée, je vais dire que la Côte d’Ivoire se veut non pas une terre d’accueil mais une terre d’hospitalité. Ce n’est pas parce que l’on accueille les autres qu’on doit se dépouiller de ses biens chers pour autrui. Ce principe est le même dans tous les pays émergents. Pendant que la Côte d’Ivoire souhaite atteindre les normes internationales, il est convenable que les ivoiriens optent pour les bonnes attitudes.

Nous devons retenir que l’occupation des forêts classées est étroitement liée à la gestion du foncier par l’Etat de Côte d’Ivoire. Les rapports sont alarmants et accablants. Les forêts de Côte d’Ivoire disparaissent à un rythme vertigineux. Les forêts naturelles primaires ne représentent plus qu’un demi-million d’hectares et les parcs naturels existants sont menacés par une occupation massive, clandestine et illégale. D’un côté, l’insécurité foncière menace les communautés rurales. Et de l’autre, la perte du couvert forestier s’est accentuée depuis les crises successives en Côte d’Ivoire. Le fait est que la transhumance de plusieurs vagues de paysans à la recherche des terres cultivables a conduit à la destruction de milliers d’hectares de forêt même dans les aires protégées. Et l’on a observé des expropriations et l’acquisition par la force des armes. Les données montrent que le manque de clarté autour des droits fonciers en Côte d’Ivoire provoque souvent une dégradation rapide des ressources naturelles.

En prime, nous remarquons que les régimes qui se sont succédés à la tête du pays n’ont pas réussi à octroyer à la Côte d’Ivoire des mécanismes inviolables quant à la gestion du foncier. Des titres fonciers ont été attribués à des tiers par nos gouvernants de façon complaisante, sans regarder la justesse des décisions. Le plus offrant étant le gagnant. Par des subterfuges politiciens des milliers d’hectares de forêts ont été décrétées ‘’Forêts Classées’’ sans la purge du droit coutumier. Tout un programme politique, servant une minorité riche du pays, est mis en branle pour exproprier les propriétaires terriens. Etc., etc. il  y a tellement à dire sur le foncier ivoirien. Ecoutez, je sais une chose, l’on ne peut faire le bonheur des gens sans prendre en compte leurs spécificités collectives. Les pouvoirs précédents ont échoué comme nous le disons, parce qu’ils ont voulu faire le bonheur des populations ivoiriennes sans les mettre au centre de la résolution des conflits fonciers. Ils ont omis de nombreuses techniques aussi simples qu’applicables. Vu la résurgence des conflits en zone forestière, avec ses corolaires de désastres, il est clairement établi que lesdits régimes ont étalé leurs lacunes. C’est pour cette raison que le CCJD exhorte le Gouvernement actuel à prendre toutes les mesures pour vider ces forêts classées occupées illégalement et ensuite à rétrocéder toutes les terres classées aux chefs des terres ivoiriens avant toute chose. La question relative au conflit foncier en Côte d’Ivoire doit être réglée définitivement en faisant une mise en l’état car la cohésion nationale tant souhaitée pourrait en être sérieusement impactée. Une injustice sociale muette menée dans la gestion du foncier ivoirien va récréer des tensions inutiles. Au commencement, les Tribus de ce pays ont de tout temps disposé, avant l’arrivée du colon, des droits naturels coutumiers sur leur propriété foncière. Chacun savait à qui appartient la terre sur des milliers d’hectares, et cela était respecté de tous. L’arrivée du colon a bouleversé l’ordre naturel et à la naissance de l’Etat ivoirien, dès l‘indépendance de notre pays,  le modèle importé a été reproduit, avec en prime la possession de la terre par l’Etat. Ce bouleversement violent est la source des nombreux conflits et ce n’est qu’en 1998 que le législateur a tenté d’apporter des solutions à travers l’adoption d’un code foncier rural dans lequel il est fait mention d’un nouveau titre de propriété foncière. Pour les chefs de terre et chefs de tribus ivoiriens ce bouleversement est injustifiable. Les chefs de terres, authentiques propriétaires de la terre de ce pays, cadastres avérés depuis toujours, n’ont pas été associés à la rédaction des textes de loi relative au foncier rural et urbain ivoirien. Pour eux, la terre n’a pas besoin d’être immatriculée à partir du moment où dans l’esprit des membres de la tribu cette terre est depuis la nuit des temps leur propriété, et leurs droits multiples sur elle n’est pas démontrables. Il est utile de faire retenir que, pour les chefs de terre et chefs de Tribu, le premier droit naturel d’une Tribu, c’est la possession de la terre pour la léguer ensuite aux membres de la communauté, et non à l’Etat ou au premier venu. Le problème que pose la loi de 1998 sur le foncier rural, avec sa modification plus tard par décret, est perçu par nombre d’ivoiriens comme une pensée écrite par des juristes pour des juristes, une norme imposée par des bureaucrates aux chefs des terres. En effet, cette loi s’adresse à des populations souvent analphabètes et pauvres, pendant que les formalités administratives exigées pour identifier une terre ne sont pas souples pour les chefs de terres et de tribus.  Ces démarches sont également coûteuses et les services sont éloignés géographiquement. Sans oublier que l’enquête de propriété repose sur un système de droit écrit. Ce qui reste une difficulté supplémentaire.  Dans ces conditions, il est donc difficile d’apporter la preuve de sa propriété.  L’on a entendu en 2013 dans le milieu politique ivoirien que «Ceux qui ne sont pas Ivoiriens pensent que cette loi est faite contre eux, or en réalité elle assure la protection de leurs droits d’exploitation…, qu’il ne suffit pas d’être simplement ivoirien pour être propriétaire. Il faut avoir des droits coutumiers dument constatés ». En fait, après analyse du contenu du propos, nous avons relevé deux points très important à retenir.

Premièrement, ce que l’on ne veut pas s’hasarder à dire aux populations, c’est que, pour ce qui concerne ‘’ceux qui ne sont pas ivoiriens’’, la loi foncière ivoirienne ne peut protéger leurs droits d’exploitation des terres ivoiriennes tant que les droits fonciers coutumiers des chefs de terres ivoiriens autochtones ne sont pas garantis au préalable. Et les rassurer au sujet de leurs droits d’exploitation relève du chimérique. Nous risquons gros par ce propos quant à l’impact négatif de la cohésion nationale tant souhaitée. Deuxièmement, s’il ne suffit pas d’être ivoirien pour être propriétaire d’une terre, alors pourquoi donc la quasi-totalité de ceux des exploitants des terres ivoiriennes qui ne sont pas ivoiriens ont en leur possession des cartes nationales d’identité ivoirienne à bon marché. De qui les ont-ils obtenues ? Par ailleurs, le titre foncier du domaine foncier rural tient-il compte de la Constitution Coutumière des peuples de Côte d’Ivoire, c’est-à-dire les droits coutumiers conformes aux traditions de ces peuples qui indiquent que la terre appartient à la Tribu ou au clan et non à un individu ? Pourquoi la question du foncier est utilisée trop souvent à des fins électorales. Et c’est là une autre difficulté. Voilà pourquoi le CCJD recommande de la vigilance accrue aux chefs de terre et chefs de tribus, et à leurs ayants-droits car il y a vraiment raison de croire que le Gouvernement a tout mis en œuvre pour spolier les chefs de terre de leur propriété foncière.

 

Quels regards portez-vous sur la cohésion sociale en Côte d’Ivoire ?

Je le dis tout net l’injustice sociale muette dans notre pays observée au sein des différentes couches socioculturelles et professionnelles ivoiriennes fragilise la cohésion sociale.

A quelles conditions la réconciliation entre les Ivoiriens sera-t-elle effective selon vous ?

Vous savez comme moi que le rapport de la CDVR sur les causes profondes des crises sociopolitiques a montré que les conflits liés au foncier occupent une place de choix en haut du tableau. La réconciliation n’est pas un programme propre à la Côte d’Ivoire. Tout processus de réconciliation tient compte d’un certain nombre de mécanismes pour atteindre l’objectif de rapprocher les groupes belligérants. Et ce processus doit aboutir absolument à une réparation conséquente et la restitution des biens spoliés par la force aux victimes. A l’analyse de la situation, en Côte d’Ivoire, la réconciliation vraie implique la restitution des biens pris par voie des armes, et la cohésion nationale tarde à être visible parce que la justice sociale n’est pas activée. Beaucoup d’efforts ont été faits depuis le début des successives crises en Côte d’Ivoire pour réconcilier les populations ivoiriennes mais jusqu’à ce jour qu’en ait il réellement ? Quel est le véritable centre d’intérêt du Gouvernement actuel à conduire un programme de réconciliation ? Ce Gouvernement a-t-il les moyens de réparer et réclamer la restitution des biens et des terres prises aux propriétaires terriens par la force des armes ?

Les gens présentent la réconciliation en Côte d’Ivoire comme si les ivoiriens sont dos à dos. En Côte d’Ivoire, les gens vivent ensemble depuis cette crise sociopolitique. Ici en Côte d’Ivoire, ce qu’il faut actuellement aux ivoiriens pour une cohésion nationale c’est la restitution des biens d’autrui et appliquer ensuite la justice sociale. C’est ce que les ivoiriens attendent de ce Gouvernement. Telle quelle est présentée à la face du monde, la réconciliation en Côte d’Ivoire est une arnaque morale, voire une déchéance politique à l’encontre des ivoiriens. Le temps a permis aux belligérants de se réconcilier. Les préparateurs et les victimes vivent ensemble actuellement là où il y a eu les pires atrocités. Ils partagent les mêmes espaces dans les différentes localités. Et puis, là où des hommes qui vivent en société, il arrive qu’ils s’entrechoquent quelques fois.  C’est l’heure n’est pas à la réconciliation mais plutôt à la restitution des biens spoliés et l’application de la justice sociale. La justice sociale doit être au tant horizontale que verticale, dans les relations intercommunautaires et entre l’Etat et le peuple ivoirien dans la redistribution des ressources du pays, et également dans la l’administration du territoire. C’est de cela qu’Il s’agit.

 

Avez-vous des ambitions pour 2020 ?

Comme tout leader politique, j’ai des ambitions pour l’amélioration des conditions de vie des ivoiriens, pas seulement pour 2020, mais pour tous les jours jusqu’à l’Eternité.

Si oui, êtes-vous ouverte à des alliances ? Ou comptez-vous aller seule à la présidentielle ?

Ecoutez, depuis 2000, le paysage politique ivoirien a considérablement évolué et aucun parti politique ne peut aller seul aux différentes échéances électorales dans ce pays sans nouer certains nœuds avec les autres groupements politiques. Dans tous les cas au moment opportun, j’aviserai.

Réalisée par Adélaïde Konin

 

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