Alors que Conakry annonce une élection présidentielle pour décembre 2025, tout indique que le Colonel Mamady Doumbouya sera candidat à ce scrutin. Une orientation électorale qui tranche avec la stratégie de prolongation transitoire adoptée par les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Le calendrier électoral en Guinée s’est brusquement précisé. En effet, le lundi 12 mai 2025 le Premier ministre guinéen, Bah Oury, a confirmé que le pays organiserait une élection présidentielle en décembre, conformément aux engagements pris devant la CEDEAO. Cette annonce marque une accélération du processus de transition lancé après le coup d’État de septembre 2021. Mais derrière cette échéance se profile une question centrale. D’aucuns se demandent si le Colonel Mamady Doumbouya sera candidat ? Pourtant tout semble l’indiquer, malgré ses promesses initiales, qu’il ne réitère même plus.
Des proches de l’actuel homme fort de la Guinée sont sans équivoque en évoquant déjà sa participation comme une « nécessité pour la stabilité ». Si cela se confirme, Doumbouya ne serait pas seul sur le continent. Il rejoindrait Mahamat Idriss Déby Itno du Tchad et Brice Oligui Nguema du Gabon dans la liste des dirigeants arrivés au pouvoir par la force avant de tenter une légitimation électorale.
Cette option guinéenne tranche nettement avec l’approche défendue par les régimes de l’Alliance des États du Sahel (AES). Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les dirigeants issus de putschs ont, au contraire, opté pour des transitions à durée indéterminée soutenues par des segments importants de la population, souvent hostiles aux schémas électoraux classiques.
Ce choix se fonde sur une critique de la démocratie libérale, jugée inefficace, et sur un rejet de l’influence occidentale. Ces régimes entendent d’abord « refonder l’État » avant toute perspective électorale. Pour ce faire, ils n’ont pas hésité à rompre avec la CEDEAO, accusée d’être instrumentalisée pour faire pression afin de les amener à transférer le pouvoir aux civils. Une situation démontrée par le cas de la Guinée, qui semble miser sur un retour rapide au cadre constitutionnel sans s’interdire pour autant de pérenniser l’autorité de l’actuel homme fort du pays.
Signalons qu’ici l’enjeu dépasse le seul exemple guinéen. Il éclaire deux stratégies différentes de normalisation du pouvoir militaire, l’une par le suffrage universel et l’autre par une légitimité populaire de rupture. Ainsi, entre urnes et transitions prolongées, l’Afrique de l’Ouest écrit des scénarios politiques contrastés.