À huit mois de l’élection présidentielle d'octobre 2025, le PDCI-RDA traverse une zone de turbulence inédite. Après la procédure disciplinaire visant Jean-Louis Billon, une nouvelle affaire secoue le parti : son président, Tidjane Thiam, fait l’objet d’une plainte déposée par quatre secrétaires de section qui contestent les conditions de son éligibilité lors du congrès qui l’a porté à la tête du parti en décembre 2023.
Le Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau a convoqué Tidjane Thiam pour le 27 février 2025 afin de s’expliquer sur des accusations liées à sa nationalité et à son parcours au sein du parti. Selon les plaignants, l’ancien patron du Crédit Suisse ne remplissait pas les critères requis pour briguer la présidence du PDCI-RDA. En cause, sa double nationalité, qu’il n’aurait abandonnée que le 7 février dernier, ainsi que son absence prolongée des instances dirigeantes du parti. L’article 41 des statuts du PDCI-RDA exige que tout candidat à la présidence ait été membre du Bureau Politique pendant au moins dix ans, une condition que ses détracteurs estiment non remplie.
Cette assignation en justice survient dans un climat déjà tendu au sein du parti. Deux camps s’opposent : d’un côté, les partisans de Thiam qui défendent son élection comme un tournant vers la modernisation du PDCI-RDA ; de l’autre, les conservateurs qui dénoncent un « putsch » interne orchestré après le décès d’Henri Konan Bédié. Certains de ses adversaires espèrent le voir contraint à une candidature indépendante à la présidentielle, ce qui affaiblirait les chances du parti dans la course au pouvoir.
Face à cette offensive judiciaire, la direction du PDCI-RDA a réagi par un communiqué officiel signé par son secrétaire exécutif, Dr. Emmou Sylvestre. Le parti y dénonce une « manœuvre politique » visant à déstabiliser son président et assure que son élection a été conforme aux statuts en vigueur.
Cette crise interne pourrait fragiliser davantage un PDCI-RDA en quête de cohésion à l’approche du scrutin d’octobre prochain. Entre batailles juridiques, luttes d’influence et calculs électoraux, l’avenir politique de Tidjane Thiam et du parti reste suspendu aux décisions de la justice et aux dynamiques internes encore imprévisibles.
Siondenin Yacouba Soro